Patrick Roger, nouvelle star du chocolat français et percheron (avec article d'Anne Sarazin)
Patrick Roger est né à Le Poislay (Communauté de communes du Perche vendômois), chocolatier installé à Sceaux dans les Hauts-de-Seine et à Paris. Meilleur Ouvrier de France 2000.
Patrick Roger percheron et fier de l’être À 38 ans, Patrick Roger fait des merveilles avec le chocolat.
Originaire du Perche, il régale les gourmets de la capitale.
Rencontre avec cet artiste qui rêve toujours du lendemain.
Très longtemps, Patrick Roger a cru au père Noël. C’est sa sœur Corinne, plus jeune de cinq ans, qui lui a appris un jour la triste vérité. Mais comme il a gardé son âme d’enfant, il fait aujourd’hui rêver les clients de ses boutiques parisiennes en sculptant le chocolat.
À Noël, on pouvait admirer des pingouins grandeur nature dans les vitrines. Pour Pâques, l’artiste a concocté des hérissons et des “poules aux œufs d’or”. Originaire du Poislay (200 âmes !), il était loin d’imaginer la vie qui deviendrait la sienne. “Je voulais faire de la moto, être champion”, se souvient-il. D’ailleurs, sa passion pour les deux-roues n’a pas changé ! Certes, il n’aimait pas l’école : “En 4e, sur 12 élèves, 11 ont redoublé et sont partis en apprentissage”. Il faisait partie du lot, option pâtisserie. “Du dernier, je suis devenu le premier”, ajoute- t-il. Il entre alors chez Pierre Mauduit, à Paris, où une place se libère “au chocolat. C’est une révélation”. Sa vie ne sera plus jamais la même. Mais les places sont chères. Pendant dix ans, il travaille – beaucoup – mais pas dans son domaine de prédilection.
En Suisse, il est glacier le jour, serveur dans un restaurant gastronomique le soir. Sur son temps libre, il imagine des chocolats, vendus ensuite dans la boulangerie familiale. Le hasard d’une rencontre l’emmène en région parisienne, à Sceaux, où il ouvre sa première boutique en 1997.
À près de 30 ans, il redécouvre ses racines. Depuis, le Perche est très présent dans ses créations. Celle dont il est le plus fier ? Un chocolat baptisé “Hémisphère” qui se présente sous la forme de demi-sphères de couleur (bleu pour la prunelle du Perche, vert pour le citron vert et le caramel, etc.). Ces douceurs font un tabac au Japon où elles se vendent “15 € pièce à Tokyo, soit le chocolat le plus cher du monde”, sourit l’artiste. Trois boutiques en Île-de-FranceEn 1992, il remporte le concours national de Romorantin-Lanthenay, “catégorie cho-colat”, qui lui ouvre les portes de la Coupe du monde du chocolat où il s’illustre brillamment deux ans plus tard. Cela l’emmène alors vers le concours de “Meilleur Ouvrier de France” qu’il décroche en 2000.
Depuis, l’homme voyage dans le monde entier, emploie une quinzaine de personnes et a ouvert deux autres magasins dans des coins huppés de la capitale, Saint-Germain-des-Prés et le XVIearrondissement. Dans ce dernier, inauguré en décembre, le visiteur est projeté dans une forêt (percheronne !) : une image immense recouvre murs et plafond. Patrick Roger aime travailler en famille. Sa sœur veille sur la boutique de Saint-Germain-des-Prés et sa femme Véronique, originaire de Droué, partage le quotidien de son mari à Sceaux. “Patrick, c’est un artiste, un créa-tif, sensible mais aussi timide”, confie-t-elle. Sous ses airs de motard mal rasé se cache un être qui “fonctionne à l’instinct” et se démar-que de ses pairs par son goût du risque. Il précise : “Ce qui m’intéresse, c’est toujours après. En France, je le regrette, on ne peut pas parler du futur.” Le sien, pourtant, sem-ble tout tracé..
● Anne Sarazin
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